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4.5
On sait qu’Ubu et la mère Ubu ne sont pas de noble lignage, mais des petits bourgeois dérisoires emportés par leur propre bêtise crasse dans les péripéties d'un drame historique éclaboussé de sang . Avec eux, la violence humaine est rendue à sa sauvagerie primitive. Comme l’écrit Jarry, « M. Ubu est un être ignoble, ce pourquoi il nous ressemble (par en bas) à tous Le grand intérêt de ce volume pléiade c’est que dans les notes, lettre, commentaires annexes, documents divers on comprend mieux que Jarry lance un défi a tout le théâtre de son époque .Non seulement par son écriture révolutionnaire mais par une conception globale très neuve de la mise en scène. Jarry explique bien dans ses lettres à Lugné-Poe qu’il exige de nouveaux décors plus du tout réalistes mais abstraits , un nouveau jeu des comédiens, moins égocentriques, de nouveaux éclairages, et surtout un nouveau rapport au public, où l’outrage et l’agression tiennent une grande place. Il annonce le théâtre d’Artaud aussi bien que celui de Beckett ou de Ionesco. Ou la génération des « jeunes gens en colère » du théâtre anglais des années 60..Donc suppression du décor réaliste ou vériste. Suppression de l’acteur en tant que personnalité plus ou moins talentueuse .Il préfère la neutralité du masque, comme dans la tragédie antique, non pas pour la solennité, l’exotisme, mais pour placer du mécanique sur du vivant, et s’écarter de la familiarité humaine et dévoiler l’ infra-humain. ..Là, on retrouve le souci de Gombrowicz écrivain de théâtre et les recherches avant -gardistes de Tadeuz Kantor.. A un théâtre flatteur de belles illusions magiques, et d’images réalistes, il oppose un théâtre de choc pédagogique. Quel précurseur !